Alors que l'INSEE publiait ce matin les chiffres peu réjouissants de son "enquête emploi" annuelle, presque 10 000 suppressions de postes ont été décidées aujourd'hui dans le secteur publique : 5 000 au Crédit Lyonnais et 4 500 à la Direction des Constructions Navales (DCN). Résumé d'une journée noire. Jean Peyrelevade, président du Crédit Lyonnais, a annoncé aux différents syndicats la suppression dans les trente mois à venir de 5 000 postes. C'est, semble-t-il le seul moyen pour l'établissement bancaire de s'extirper du marasme financier dans lequel il est plongé. Confronté à un déficit grandissant, le Crédit Lyonnais n'a pas cessé de comprimer ses effectifs depuis 1994. Un premier plan social avait déjà supprimé 1 500 postes, tandis qu'un deuxième, actuellement en cours, prévoit la disparition de 2 000 emplois. C'est au siège social et aux directions régionales que devrait surtout s'appliquer cette décision.
La DCN est, elle aussi, contrainte d'effectuer une sévère restructuration d'ici à 1999. Charles Millon, ministre de la Défense a évoqué aujourd'hui la suppression de 4 500 postes à la DCN, dans le cadre de la réforme des arsenaux de la marine. 25 000 personnes travaillent à la DCN, chargée de la construction et de la maintenance des bâtiments de la Marine Nationale. La DCN, dont les sites sont principalement situés dans les villes portuaires de Brest, Cherbourg, Lorient et Toulon, est frappée de plein fouet par la crise. Elle a vu ses crédits baisser depuis 1990 et n'offre qu'une faible productivité par rapport à la moyenne de l'industrie de l'armement.
Ces décisions interviennent le jour ou l'INSEE fait paraitre les résultats de son enquête. Bilan 96 : 3 098 000 demandeurs d'emplois, soit163 000 chômeurs supplémentaires depuis mars 1995. Le taux de chômage de la population française atteint 12,1%, contre 11,6% l'an passé. Si les emplois précaires et à temps partiel ont augmenté, l'institut confirme cependant l'existence de notables disparités entre les demandeurs d'emplois. Toutes tranches d'âge confondues, les femmes sont les grandes perdantes. Le taux de chômage des jeunes diplômés du supérieur (au dessus de bac + 2) rejoint celui des bacs + 2. Les non diplômés sont encore moins bien lotis : un sur cinq est à la recherche d'un travail.